Présentation de la commune de Magné (bords de Sèvre)

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Des points de passage, une seigneurie et un port importants

Le territoire de Magné a livré au cours des deux derniers siècles de nombreux vestiges archéologiques, témoignages de sa position stratégique sur différents axes de communication dès l’Antiquité. La voie romaine de Saintes à Angers traversait la commune actuelle en passant par le Gué de Menevault (passage par bac), la chapelle Sainte-Macrine, le tertre de la Garenne, l’ouest du bourg, Monpensier, pour traverser (par un autre gué) les marais de la Sèvre au niveau de Maurepas et de la Grange de Coulon. Des objets de l’époque romaine ont dès lors été retrouvés en différents points de cet itinéraire, vers la Grange (empierrement et objets dans le lit de la Sèvre en 1868), à Monpensier (lance découverte en 1923), à Sainte-Macrine (tuiles à rebord), au Gué (buste, médaille en 1858). Plus anciennes encore, deux pirogues monoxyles de l’âge du fer, ont été trouvées dans le lit de la Sèvre près de Maurepas. Une autre voie romaine reliait la butte de Magné à Niort, via Sevreau, Verdonnier et Chamberland. Le nom de Magné proviendrait du mot Magnius, désignant le nom d’une famille possédant là un domaine à l’époque romaine. Au début de l’ère chrétienne (4e siècle ?), sainte Macrine, fuyant l’Espagne et les persécutions avec sainte Pezenne et sainte Colombe, aurait trouvé refuge dans l’île et les marais de Magné, s’établissant sur un ancien site païen où aurait alors été fondé une chapelle. Cette dernière devient alors le lieu d’un important pèlerinage.

Comme d’autres le long de la Sèvre Niortaise, le site de Magné aurait été pillé par les Normands en 817, entraînant la décision du roi Charles le Chauve, en 862, de fortifier de tels sites en bordure de fleuves. De premières mentions de Magné et de lieux situés sur son territoire, apparaissent au 10e siècle. La chapelle Sainte-Macrine est indiquée en 936, de même que Verdonnier, tandis qu’en 989, Guillaume IV de Poitiers donne à son épouse Emma divers biens dont "une villa qui est dite Magnacum, toute l’église et tout ce qui lui appartient". Outre une possible motte féodale décelée près de Tout-y-Faut, la création de la fortification par Charles le Chauve et la donation d de l’église par Guillaume IV de Poitiers, fondent le bourg autour de deux noyaux : le château, siège des seigneurs de Magné (dont le premier connu, Pierre de Niort, est mentionné en 1224), et l’église. Plus tard, mention est faite de Maignec en 1200, Magnet en 1226... En 1255, Magné est rattaché à la toute nouvelle sénéchaussée de Saintonge, une enclave saintongeaise que la prévôté et la paroisse ne quitteront plus jusqu’à la Révolution.

En ce 13e siècle puis aux 14e et 15e, Magné devient un des ports importants qui ponctuent la Sèvre Niortaise entre Niort et la mer. Il bénéficie de sa position entre terres hautes et le fleuve, et sur un point de franchissement du fleuve, par bac, pour rallier Niort par Saint-Liguaire. En amont, le port de Sevreau est lui aussi prospère. Il fait partie de ceux visés en 1377 par la création, par le duc Jean de Berry, d’un péage ou coutume sur les marchandises transitant sur la Sèvre. Quant au port de Magné, de récentes prospections archéologiques subaquatiques ont révélé la présence de différents aménagements des 13e-15e siècles entre l’amont du pont et le quartier du Roc et de Saint-Denis, en passant par les abords du château : alignements de pieux, épave de bateau (les vestiges les plus anciens, au niveau de Saint-Denis, remonteraient entre l’an 650 et 800).

Profitant de cette position stratégique, la seigneurie de Magné prend de l’ampleur et acquiert en puissance et possessions. Plusieurs domaines en dépendent : Saint-Denis, le Clouzis, Verdonnier, Monpensier, la Perrine de Coulon, ainsi que les trois moulins au sud du Marais Pin. Aux 14e et 15e siècles, la seigneurie passe de mains en mains par mariages, jusqu’à Guy de Chourses, seigneur de Magné et d’Echiré, ami de Charles de Guyenne, le frère de Louis XI. Ce dernier effectue une visite à Magné en septembre 1469 avant d’aller signer le traité de Coulonges-les-Royaux avec son frère. En 1478, il marie le fils de Guy de Chourses, Antoine à sa propre nièce, Catherine de Coëtivy (fille de Marie de Valois, elle-même issue de Charles VII et Agnès Sorel). Cette dernière est connue pour avoir rassemblé, avec son mari puis seule, après son veuvage en 1485, une importante et riche bibliothèque, en partie conservée aujourd’hui au musée Condé de Chantilly. Par ailleurs, en 1508, elle fonde un chapitre lié à l’église de Magné dont elle finance la reconstruction, achevée en 1521. Après sa mort en 1527, la seigneurie de Magné passe à la famille de Lude.

Une paroisse à la peine (16e siècle -début du 19e siècle)

Le comte de Lude est un important chef de guerre catholique pendant les guerres de Religion. Cela vaut à Magné, en 1568 et 1569, d’être pris et repris par les deux camps, son église et son château étant endommagés, son bourg pillé. Ce qui reste du château est racheté vers 1619, comme l’ensemble de la seigeurie, par Louis de Harlay. En 1621, les habitants de Niort demandent en vain le démantèlement des fortifications de Magné, d’où le seigneur exercerait sur la Sèvre une pression défavorable au commerce fluvial. En 1627, Louis XIII nomme Pierre de Granzay gouverneur de la tour de Magné. La seigneurie passe à Benjamin de La Rochefoucauld, puis en 1696, par mariage, à la famille de Lezay de Lusignan, comme la seigneurie de Benet, voisine. Magné compte 216 feux (environ 900 habitants) en 1675. Outre le commerce fluvial, la paroisse vit de l’exploitation, limitée, des marais (élevage, pêche, chasse), et de celle des terres hautes via les métairies qui s’y trouvent et dont la plupart dépendent du seigneur. Un marais communal, mentionné en 1562, semble avoir disparu par la suite.

A la Révolution, les biens du dernier seigneur, Philippe-Hugues-Roland de Lezay de Lusignan, sont saisis et vendus comme biens nationaux, de même que la chapelle Sainte Macrine, rouverte au culte en 1806. De 1790 à 1801, Magné est le siège d’un canton qui regroupe Arçais, Bessines, Coulon, Magné et Saint-Liguaire. La commune compte alors, en 1800, 1313 habitants. Elle souffre cependant de son enclavement, les passages par bac de Magné, de la Repentie et du Gué de Menevault étant alors les seuls moyens, précaires, de rejoindre l’ancienne île depuis Coulon, Saint-Liguaire et Sansais. La démographie de Magné stagne (1258 habitants en 1841, 1335 en 1866). Au début du 19e siècle, un pont-barrage est établi à Sevreau et un pont à l’entrée est du bourg, par-dessus le bief Saint-Germain, permettant d’envisager une première liaison terrestre entre le bourg et Sevreau.

Des aménagements du 19e siècle à l'urbanisation de la fin du 20e siècle

Il faut cependant attendre les années 1850 pour qu’après bien des vicissitudes, on construise enfin le pont de Magné et celui du Gué. Ils constituent toutefois des compensations au fait que la nouvelle route reliant le sud et le nord par-delà la Sèvre Niortaise, a été tracée plus à l’ouest, entre Coulon et la Garette, via la Repentie, évitant le bourg de Magné. Pour rejoindre ce nouvel axe depuis Niort, le chemin du bourg à Sevreau est amélioré et prolongé, traversant la partie occidentale du bourg (actuelle avenue du Marais poitevin). L’ancien itinéraire principal qui, depuis l’église, passait par la Grande rue et la rue du Moulin, en direction de Monpensier puis de la Repentie, est ainsi abandonné. Quant à la navigation sur la Sèvre Niortaise, elle est améliorée par la création en 1854 du barrage éclusé du Marais Pin (reconstruit en 1865-1869), sans oublier, à la même époque, le curage et l’élargissement de la Sèvre et du bras de Sevreau, avec création d’un petit bras pour mieux relier les deux à leur confluence entre le bourg et Sevreau. De efforts sont faits aussi pour mieux réguler les niveaux d’eau dans les marais, par la création des barrages de Verdonnier et de l’Ouchette notamment. Ils permettent une meilleure exploitation des marais, pour l’élevage et le bois.

Malgré ces efforts, la commune continue à voir son nombre d’habitants stagner, et même reculer à partir des années 1870-1880, tombant à 977 habitants en 1911. Le bourg présente pourtant une intense activité commerçante et artisanale, entre les magasins et ateliers centre-bourg, et les ateliers de sabotiers ou de tisserands au Roc, au Coin Macrou ou, plus loin, à Jousson. Cette activité artisanale devient même industrielle avec la création, dès les années 1830, de fours à poterie, le plus important étant, à partir des années 1870, le four Ravard puis Pontet. Un autre est tenu de 1920 à 1943 par Paul Veillet, au 30 rue des Frères Largeau. Il existe aussi des ateliers de menuisiers et de charpentiers de bateaux (Deborde, Arnaud) et surtout plusieurs scieries (Arnaud puis Rougier-Chollet, Riffaut, Bernard), établies entre Sevreau et le bourg. Elles périclitent cependant dans les années 1930, sauf celle de la Garette, active jusque dans les années 1980. Enfin, l’industrie à Magné prend la forme de la laiterie coopérative, fondée en 1896 et relayée à partir des années 1950-1960 par la scierie Thebault.

Dans l’entre-deux-guerres, alors que le nombre d’habitants continue à reculer (885 en 1936), la commune se dote de nouveaux équipements, notamment l’électricité en 1927. A la même époque, le pèlerinage à la chapelle Sainte Macrine, reconstruite entre 1869 et 1896, bat son plein, attirant des milliers de fidèles chaque 6 juillet. Le tourisme en est à ses balbutiements avec la mention, en 1921, de la présence d’une colonie d’enfants envoyés en vacances dans le Marais poitevin par la ville d’Ivry-sur-Seine. Quelques équipements et installations de loisir ou de villégiature prennent place sur les bords de Sèvre, entre Sevreau et le bourg et aux abords de celui-ci, par exemple ceux de la communauté des Cénobites. Le développement touristique ne concerne cependant véritablement Magné qu’à partir des années 1980, via notamment celui de l’embarcadère Cardinaud, à la Repentie. Après 1945, Magné doit son véritable salut à sa proximité avec la ville de Niort. A partir des années 1970, les lotissements pavillonnaires se multiplient, étendant le bourg vers l’ouest et le nord, au point qu’il finit par relier Jousson, Tartifume et la Grève. Le transfert du groupe scolaire à l’ouest du bourg symbolise ce nouvel axe de développement, tandis qu'à l'est, vers Sevreau, prennent place un stade et un terrain de camping. La commune passe de 987 habitants en 1962, à 2130 en 1982, 2708 en 2022.

La commune de Magné est située sur la rive gauche de la Sèvre Niortaise, à l'exception de quelques marais sur la rive droite, face à Jousson et vers le Châtelier. Elle couvre 14,8 kilomètres carrés, partagés entre terres hautes et marais. La Sèvre Niortaise forme la limite nord-est et nord de la commune, avec Niort-Saint-Liguaire d'une part, Coulon d'autre part. A l'ouest, la frontière communale avec Sansais suit le canal de Coulon à la Garette, puis le contour de la Vieille Sèvre ou bras de Sevreau au sud et à l'est, qui la sépare des communes de Frontenay-Rohan-Rohan, Bessines et à nouveau Niort-Saint-Liguaire, à Sevreau, à l'est.

Le bras de Sevreau et la Sèvre Niortaise irriguent les marais qui environnent de toutes parts l'ancienne île de Magné. Celle-ci est plus élevée au sud qu'au nord. Elle culmine à 38 mètres d'altitude au tertre de la Garenne d'où l'on bénéficie d'un large panorama sur la commune et les environs. Cette élévation se maintient vers le sud (25 mètres à la chapelle Sainte-Macrine), puis s'abaisse rapidement de chaque côté, vers le Gué et l'Ouchette. Au nord, l'ancienne île s'élargit et forme un plateau assez uniforme (de 11 à 18 mètres d'altitude), largement cultivé et ponctué de quelques fermes à l'ouest (Monpensier, Franc Girouard...), beaucoup plus urbanisé à l'est où le bourg a pris place sur la rive gauche d'un méandre de la Sèvre. Les hameaux de la Grève et de Jousson se situent à la lisière des terres hautes, en bordure des marais.

La Sèvre Niortaise et ses méandres contournent l'ancienne île par le nord, suivant un parcours de près de 4 kilomètres de long en ligne droite, allongé à 6,5 kilomètres en suivant les méandres. Elle entre dans le territoire communal entre Sevreau et le bourg, là où commence le bras de Sevreau. Cette confluence est raccourcie par un petit bras creusé au 19e siècle. Accompagnée par le chemin de halage sur sa rive droite, la Sèvre longe ensuite le bourg (où le pont de Magné la franchit), le quartier du Roc, et rejoint Jousson. La conche du Châtelier et celle de la Perrine irriguent les marais de la rive droite, puis retrouvent la Sèvre en aval du barrage éclusé du Marais Pin. A ce même barrage, commence un ancien bras du fleuve, la Vieille Sèvre de la Repentie. Après le pont de la Repentie, celle-ci se jette dans la Sèvre au niveau du port de Coulon dont la rive gauche, à cet endroit, quartier de la Trigale, se situe commune de Magné. Tandis que le fleuve poursuit son cours, l'ouest du territoire communal est occupé par le labyrinthe inextricable des marais entre Coulon et la Garette, sillonné de conches et de fossés qui délimitent autant de parcelles exploitées en prés et en bois.

Le canal de Coulon à la Garette qui délimite ici la commune, est le prolongement de la Vieille Sèvre ou bras de Sevreau qui prend naissance entre le bourg de Magné et Sevreau. Sur plus de 7 kilomètres (9 si l'on compte le canal de Coulon à la Garette), ce bras de fleuve passe sous le pont de Sevreau pour aller au sud traverser les marais entre Magné et Bessines, irrigués par un réseau serré de conches et de fossés. A l'Ouchette, il est rejoint par le plus importants de ces cours d'eau, le bief Saint-Germain, qui a pris naissance près de l'église et du pont ouvrant le bourg par l'est, et qui a longé le versant sud-est du bourg. Le bras de Sevreau est franchi par le pont du Gué de Magné et de Sansais, puis serpente à travers les marais de Magné et de Sansais jusqu'au pont et au port de la Garette dont la rive nord est magnésienne.

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